
« Il sera difficile de nous faire taire… »
Le Bigleux ayant eu l’honneur de recueillir les paroles du grand poète Abd Al Malik, il ne pouvait qu’en espérer autant de l’autre parolier majeur de ce début de 21e siècle, on a nommé : Grand Corps Malade.
Celui-ci a bien voulu nous confier quelques pensées profondes. Elles prouvent, si besoin était, que plus que jamais la littérature est là pour faire des phrases avec des mots.
BigleuxRama : Grand Corps Malade, bonjour. Nous vous sommes infiniment reconnaissants d’avoir eu la gentillesse de nous accorder cette petite interviouve…
Grand Corps Malade : Je vous remercie, car se remercier, c’est un grand geste. Je veux que les gens se remercient, à la ville, à la campagne, ou ailleurs. Où qu’ils vivent, je veux leur dire que chaque jour, le soleil se lève.
BigleuxRama : Euh certes… Alors, l’idée, c’était de parler d’abord de vos textes, puisque c’est ça, la base du slam : le texte qu’on récite.
Grand Corps Malade : Oui, le texte est l’expression du corps et de l’âme. Mais d’abord de la bouche et de la langue, ou bien du stylo.
BigleuxRama : Nous sommes d’accord. Dans « Je dors sur mes deux oreilles », vous dites : « Si tu me chambres je m’en bats les reins, parfois je me sens inattaquable ». Donc aujourd’hui, vous vous sentez inattaquable ?
Grand Corps Malade : « Je me prends pour un poète, p’t’être un vrai, p’t’être un naze… »
BigleuxRama : Euh oui… Alors, si on vous dit que vous êtes un sous-Brassens sans musique et sans verve, et que vos textes ne sont qu’un assemblage de banalités, vous répondez quoi ?
Grand Corps Malade : Je crois qu’aujourd’hui, il faut « écrire à l’oral » même si « on n’a pas les mots », voilà.
BigleuxRama : Quand on lit vos textes, on a l’impression de revenir au collège. On dirait que vous essayez d’avoir l’air le plus scolaire et le plus soporifique possible. Par exemple, dans « Le blues de l’instituteur », vous enfilez les clichés : le monde est méchant, les gens se font la guerre, mais il faut garder l’espoir. C’est ça, pour vous la poésie ?
Grand Corps Malade : Je veux qu’en me lisant, les gens se sentent comme dans le métro, en banlieue, d’avant d’aller au boulot, à peine tirés du dodo.
BigleuxRama : Pour ça, c’est plutôt réussi… Vous vous comparez aux grands chanteurs. Il y a cinquante ans, Juliette Gréco était à Saint-Germain, elle rencontrait Boris Vian ou Miles Davis. Aujourd’hui, elle chante avec votre ami Abd Al Malik. Il y a quand même une petite baisse de niveau, non ?
Grand Corps Malade : Aujourd’hui, il faut être rebelle. Etre rebelle, c’est dire que les phrases sont belles, que le ciel est bleu ou gris, que Juliette Gréco est belle comme une peinture du Gréco.
BigleuxRama : Vos textes sont longs et ils tombent tout le temps à plat ! Vous évoquez la capitale à l’aube dans « Je connaissais pas Paris le Matin ». Bon, très bien. Mais prenez Jacques Lanzmann, le parolier de Dutronc, avec le célèbre « Il est 5h, Paris s’éveille ». Lui en quelques mots en dit plus que vous en moins de mots ! « Les travestis vont se raser, Les stripteaseuses sont rhabillées, Les traversins sont écrasés, Les amoureux sont fatigués ». Tout est dit !
Grand Corps Malade : Non, je te jure, « je te jure ça peut chémar ». Pour moi, la poésie, c’est difficile et faut pas que ce soit facile ; la poésie, c’est l’amour des mots et des sons. Et surtout, il ne faut pas être relou dans ses paroles. « C’est un parcours fait de virages, de mirages, j’ai pris de l’âge. Je nage vers d’autres rivages, d’une vie tracée je serai pas un otage. »
BigleuxRama : A la limite, on aurait envie de dire avec vous : « Mais les meilleures idées sont souvent celles qui se taisent » ! De là à en tirer des conclusions sur ce que vous dites quand vous ne vous taisez pas…
Grand Corps Malade : Il faut se hâter de parler, parce que le temps il passe. « On est les témoins impuissants du temps qui trace, du temps qui veut que les enfants deviennent des grands. Et que les grands deviennent des vieux. »
BigleuxRama : Sur le temps qui passe, j’aime mieux Saturne de Brassens. Enfin, bon (bâillement). Ah ! oui, on apprend beaucoup de choses en vous lisant. Par exemple, « il y a chez l’homme trois leaders qui essayent d’imposer leur loi / Cette lutte permanente est la plus grande source d’embrouille / Elle oppose depuis toujours la tête, le cœur et les couilles »… Alors question : quel organe vous procure le plus d’inspiration ?
Grand Corps Malade : C’est les trois. C’est pour ça que « moi j’ai choisi une voie chelou, on dirait presque une vie de bohème. Mais je suis sûr que ça vaut le coup, moi j’ai choisi une vie de poèmes. »
BigleuxRama : Oui, d’ailleurs cette vie de bohème vous a déjà valu d’être nommé chevalier des arts et lettres, tout comme Abd Al Malik. Aujourd’hui, c’est ça la rébellion ? Plaire aux ministres et faire du lyrisme sur le quotidien terne des gens ?
Grand Corps Malade : « Notre futur est incertain, c’est vrai que ces deux mots-là vont toujours de pair / Mais notre jour s’est bien levé, dorénavant il sera difficile de nous faire taire. »
BigleuxRama : (soupir) Merci à vous, Fabien Marsaud…Pourvu qu’un jour vous nous fassiez un hymne à l’invention de l’eau tiède !
Grand Corps Malade : Pour toi, je peux l’improviser : l’eau tiède, je crois que ça m’aide, car elle n’est ni trop chaude, ni trop froide. Alors l’eau tiède, elle m’aide, je l’aime, car la vie c’est l’eau tiède où l’on nage !
BigleuxRama : A la limite, on aurait envie de dire avec vous : « Mais les meilleures idées sont souvent celles qui se taisent » ! De là à en tirer des conclusions sur ce que vous dites quand vous ne vous taisez pas…
Grand Corps Malade : Il faut se hâter de parler, parce que le temps il passe. « On est les témoins impuissants du temps qui trace, du temps qui veut que les enfants deviennent des grands. Et que les grands deviennent des vieux. »
BigleuxRama : Sur le temps qui passe, j’aime mieux Saturne de Brassens. Enfin, bon (bâillement). Ah ! oui, on apprend beaucoup de choses en vous lisant. Par exemple, « il y a chez l’homme trois leaders qui essayent d’imposer leur loi / Cette lutte permanente est la plus grande source d’embrouille / Elle oppose depuis toujours la tête, le cœur et les couilles »… Alors question : quel organe vous procure le plus d’inspiration ?
Grand Corps Malade : C’est les trois. C’est pour ça que « moi j’ai choisi une voie chelou, on dirait presque une vie de bohème. Mais je suis sûr que ça vaut le coup, moi j’ai choisi une vie de poèmes. »
BigleuxRama : Oui, d’ailleurs cette vie de bohème vous a déjà valu d’être nommé chevalier des arts et lettres, tout comme Abd Al Malik. Aujourd’hui, c’est ça la rébellion ? Plaire aux ministres et faire du lyrisme sur le quotidien terne des gens ?
Grand Corps Malade : « Notre futur est incertain, c’est vrai que ces deux mots-là vont toujours de pair / Mais notre jour s’est bien levé, dorénavant il sera difficile de nous faire taire. »
BigleuxRama : (soupir) Merci à vous, Fabien Marsaud…Pourvu qu’un jour vous nous fassiez un hymne à l’invention de l’eau tiède !
Grand Corps Malade : Pour toi, je peux l’improviser : l’eau tiède, je crois que ça m’aide, car elle n’est ni trop chaude, ni trop froide. Alors l’eau tiède, elle m’aide, je l’aime, car la vie c’est l’eau tiède où l’on nage !
1 commentaire:
Donc Grand corps malade est malade des reins alors ?
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