
Dzim ! Boum ! Qui revoilà à la radio ? Mais oui, notre bon docteur Werther... Ah ! là ! là ! Ce qu'elle nous gâte, la radio-télé-diffusion françoise !
LA CONFERENCE DU DOCTEUR WERTHER
Rassurez-vous, je ne chanterai pas, bien que l’acoustique soit excellente !
Heu… avant de commencer, je voudrais vous faire part d’une information de dernière minute qui devrait en intéresser quelques-uns… Alors voilà : d’après de récentes statistiques, 1 cancer sur 3 pourrait-être guéri…
S’il est du troisième décan.
Oui, bon… Une petite blague en passant…
Bon, venons en maintenant au thème de notre exposé… On me demande souvent si j’ai des maladies préférées, une pathologie favorite… c’est une question qui revient très souvent, dans les interviews…
Certes, la déontologie voudrait que, dans un souci de totale objectivité, le disciple d’Esculape que je suis ne fasse pas de différence entre les pathologies qu’il peut être amené à rencontrer, tout au long de sa carrière…
Et pourtant… Il en existe deux, qui figurent, ex aequo, en tête de mon Panthéon : la fistule anale, et le cancer du colon. J’ai, récemment, encore, eu l’occasion de parler de la deuxième.
Aussi aurai-je ici une pensée pour la première…
Oui… La fistule anale… J’éprouve une tendresse particulière pour ce désagrément, qui n’est d’ailleurs pas à proprement parler une maladie.
Lorsque j’étais interne, j’ai travaillé pendant quelques semaines avec une infirmière qui soignait des patients atteints de cette gène… C’était une rousse flamboyante, avec de grands yeux verts et une silhouette longiligne à faire se damner les saints!… Je l’aidais à changer les pansements souillés de matière, et nous échangions des clins d’œil complices lorsque l’un ou l’autre de nos malades se laissait aller à faire sous lui… Parfois, le soir, nous nous asseyions sur un banc, devant le bâtiment des admissions, et nous regardions en silence le soleil se coucher sur le pavillon des cancéreux… Le temps a passé, hélas, et j’ai dû changer d’horizon pour mener ma carrière… Je n’ai jamais plus revu cette femme… ni soigné de fistule anale.
Bien. Je vous prie de m’excuser, mais l’émotion m’étreint…
Avant de me retirer sous les bravos, je voudrais, si vous le voulez bien, tenter d’apporter ici quelques éléments de réponse aux personnes qui m’ont fait porter des petits mots dans ma loge, avant la représentation…
Un spectateur m’écrit qu’ il est fou amoureux d’une femme qui l’aime aussi , mais qui est, hélas, atteinte du sida. Leur rêve le plus cher serait, bien entendu, de faire l’amour ensemble… Malheureusement, il se trouve qu’il est, quant à lui, allergique au latex !… Il voudrait savoir ce que je pense de cette situation…
Eh ! bien… Cher monsieur… je pense surtout que vous feriez mieux d’être allergique au sida !
Mon assistante m’a également transmis ce mot d’une fidèle lectrice, qui me dit que, du fait que son fils est sourd-muet, elle a attrapé une pneumonie qui l’affaiblit terriblement: en effet, comme il est également bègue, il crée de nombreux courants d’air en parlant… Cette situation la fatigue énormément…
Très chère amie, croyez que je comprends votre lassitude, mais dites vous bien qu’il y a toujours plus malheureux que vous. Ainsi, je connais des parents dont le fils, qui est manchot, souffre d’un eczéma qui le démange affreusement : ils n’ont plus une minute à eux !
Et enfin, ce petit mot d’une charmante dame qui me dit qu’elle est très très amoureuse d’un collègue de travail, mais qu’elle a entendu dire que l’amour au bureau était déconseillé… Qu’en pensé-je, me demande-t-elle…
Très chère groupie, il semblerait qu’il y ait eu comme un malentendu : en fait, c’est l’amour SOUS le bureau, qui est conseillé !…
Bon, eh bien cette petite conférence étant à présent terminée, je vous souhaite de passer une bonne nuitée. Je vous rappelle que les cassettes de mes interventions chirurgicales sont en vente dans toutes les bonnes cliniques…
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