mercredi 18 juin 2008

Le bac




Ze Bigleux's bac




Le Bigleux pouvait-il passer à côté de cet événement qu'est le baccalauréat ? Décemment non, n'est-ce pas ? Aussi se décide-t-il ici à faire preuve d'abnégation afin de satisfaire l' avidité de ses aimables lecteurs. Oubliez donc les kantiennes branlettes de méninges et autres grandiloquents débats sur la pérennité de ce glorieux diplôme : le Bigleux se propose plutôt de vous convier à deux des oraux (mais le reste fut du même tonneau) qu'il passa jadis, au grand étonnement de ses examinateurs qui n'en demandaient pas tant. Tout cela se passait en 1991 et ne nous rajeunit pas...


Épisode 1 : l 'oral de français.


L'épreuve de français, comme chacun sait, a lieu un an avant les autres, c'est à dire en fin de Première. Or, sa première, le Bigleux la redouble lorsqu'il se présente, par un beau matin de juin, devant l'examinateur (en principe, il sait donc de quoi il retourne.) Lequel examinateur, plutôt affable, accueille son ouaille avec une bienveillance d 'autant plus méritoire qu'il le sait bien, le malheureux, qu'il va passer une dure journée à entendre causer du célèbre peintre Victor Hugo, de Voltaire qui inventa le volt ou encore de la Molière qui est une grosse dent...
Tout en réprimant un soupir de lassitude, le pauvre homme se résigne donc à proposer son sujet à son candidat du moment. Lequel tire un texte de Baudelaire ( La Mort des amants : diantre ! Quelle mémoire ce Bigleux !)
Oui mais voilà, l'ayant tiré, ce sujet, quoi fait-il, notre Bigleux ?
Il attend.
Tout bonnement...
Et quoi donc attend-il ? Eh ! Bien c'est précisément ce que demande l' examinateur, après que son candidat a passé quelques secondes à le regarder béatement : « Mais vous pouvez commencer, qu'est-ce que vous attendez ? »
Et l'autre zig de répondre, angélique en diable mais penaud néanmoins car prenant soudainement conscience de l'ineptie de sa requête :
-Heu... Vous pourriez me prêter des feuilles sil vous plaît ?
-Vous n'avez pas de feuilles ?
-Heu... ben non...
-Bon.
Décidément blasé, le prof, sans verser dans le commentaire superflu, s'apprête à tourner les talons pour s'en aller quérir du papelard. Mais il n'en a pas le temps : le Bigleux vient de lui suggérer, avec une infinie politesse, d'également rapporter un stylo. Ou un crayon, à la rigueur.
Étonnement du bougre qui trouve que vraiment, elle commence bellement, la journée chez les zozos :
-Z'avez pas de stylo non plus ?
-Heu... hé ! Non...
-Mais à la fin, comment se fait-il que vous n'ayez pas pris de quoi écrire ?
-Ben... comme c'est l'oral, j'ai pas pensé qu'il fallait écrire... heu... ahem...


*


Épisode 2 : l'oral de maths.


A l'époque, la section littéraire n'était pas encore affublée de cette laconique appellation, j'ai nommé « L », mais plus poétiquement des aimables copyright A1, A2 et A3. Certainement en référence au noble jeu de la bataille navale, lequel permit à moult générations de potaches de supporter les cours sans sombrer dans une noire dépression.
Le Bigleux, lui, était en A2 (lettres-langues pour les non-initiés). Oh ! Pas se leurrer : on n'y venait pas, en A2, par passion des rectalgies proustiennes ou par goût des cunilingus hugoliens... Non, on y venait surtout parce qu'on éprouvait les plus vives difficultés à poser une addition ou à compter sur ses 11 doigts. Dire que, d'un point de vue, nous ne dirons même pas mathématique mais plus simplement arithmétique, la classe de A2 tenait de l'assemblée de trisomiques serait en deça de la vérité. Très.
Or, il faut louer les birbes qui composèrent l'organisation des épreuves du baccalauréat pour les A2 et qui eurent le bon sens de cantonner celle des mathématiques à un modeste oral d'une vingtaine de minutes. En effet, gageons qu'ils auront épargné bien des infarctus chez leurs collègues de maths.
Un qui ne fut pas épargné, en revanche, c'est celui devant qui votre bon Bigleux se retrouva fort benoît.
Passons les préliminaires et entrons dans le vif du sujet : voici déjà 5 bonnes minutes que, craie en main, votre candidat préféré contemple stoïquement le tableau en fronçant les sourcils, et même tout ce qu'il est possible de froncer dans l'espoir de donner un peu le change...
Un autre qui trouve le temps long, c'est l'examinateur, surtout que c'est pas un cadeau ce candidat-là : un élève de maternelle serait plus finaud que lui. Bien pourquoi il se décide enfin à intervenir :
-Mais... qu'est-ce qui vous pose problème, là ?
-Heu... Ben... 5 fois 8...
Le prof n'y croit pas, qui pense avoir mal entendu. Il réitère :
-Comment ? Qu'est-ce qui vous gène ?
-Ben 5 fois 8...
Pas de doute, il avait bien entendu : c'est bien la table de 5 qui pose problème à un élève de terminale ! Mais il n'a pas le temps de se remettre que le Bigleux lui assène un nouveau coup sur le coin de la hure :
-Ah ! Non, c'est bon, je sais : 5 fois 8 égalent 48 !
Désespoir du matheux qui ne va plus tarder à se demander, le pauvre, si des collègues ne seraient pas en train de lui faire une farce, sait-on jamais, y a peut-être une caméra dissimulée quelque part dans cette putain de salle d'examen...
Mais notre cancre a de la ressource, le bougre, et tient à démontrer que derrière la face ahurie qu'il affiche, palpite un gros beau tas de méga-neurones très performants (car quasi neufs). Aussi, pousse-t-il soudainement un triomphal cri, attestant qu'après d'intenses cogitations, le Savoir vient enfin de l'illuminer :
-Ah ! Ben non : 8 fois 5 égalent 45 !

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Et qu'est ce qu'il est donc devenu ce magnifique cancre d'envergure internationale ? Proxénète ? Escroc ? Député ? Journaliste ? Animateur télé ?

Anonyme a dit…

Je pense qu'il est devenu pire : prof et blogueur !

Nico